Publié par : mediateurfarceur | juin 22, 2011

Temps lent

Un dram de scotch déposé sur le bar en bois vieilli. Le soleil filtre ses rayons au travers de celui-ci. J’ai la tête qui tangue non pas d’ivresse, mais de fausses promesses. Le liquide brunâtre est à peine touché et stagne de ne pas être avalé. Autour de moi, l’air est lourd. La poussière tombe et les gens accourent.

J’aimerais que le temps s’arrête, ne serait-ce que pour une éternité! Si peu…

Les idées dans ma tête se bousculent et ne se laissent pas saisir. Dehors, on attend le retour du fils prodige. Cette idée de productivité me donne toujours le vertige. Qu’attend-je pour enfin me ressaisir?

Je pourrais, pour en finir, tout leur donner. Mais quoi?

Tant de moments perdus à tout rendre complexe alors qu’un levé de coude suffirait pour réciter la messe. Une lassitude qui s’étend à l’infini… Et moi, je ne veux que contempler les égratignures sur le bois vernis.

Publié par : mediateurfarceur | mars 21, 2011

Café latent

Je n’étais pas surpris de la voir arriver si tôt. J’ai senti une pointe d’excitation dans sa voix lorsque nous nous sommes donnés rendez-vous la veille. Il y a maintenant deux ans que nous nous sommes vus. La dernière était un peu avant son départ pour la France. Profitant d’une bourse, elle avait décidée d’aller y étudier. Le moment avait été remplis d’émotions. Nous nous étions promis de nous écrire souvent. Au début c’était le cas, mais au fil des mois les correspondances se sont faites plus rare.

Au collège, nous étions inséparables. Nos goûts étaient semblables et notre humour se complétait bien. J’étais pince sans rire et elle était plutôt cynique. Nous passions des soirées entières à philosopher, à commenter le sort du monde et à mépriser tout ce qui bouge. Dans nos jeunes têtes, nous étions les rare survivants d’une race réfléchie.

Notre amitié déconcertait les gens de notre entourage. Notre proximité alimentait les ragots. Peu de gens le savaient, mais nous avions déjà tenté de pousser notre fréquentation à un niveau plus intime. Notre chimie ne s’est révélée qu’intellectuelle. Nous nous apprécions, avaient plein d’espoir l’un pour l’autre.

Au bout du compte, elle est partie… je suis resté.

Je savait très bien à quoi m’attendre de cette réunion. Dans sa tête à elle, ça devait être autre chose. Il est beaucoup plus facile de revenir après une longue absence et avoir l’impression qu’on retrouvera ce qu’on a laissé dans le même état… que rien n’aura changé. Après tout, le temps passe différemment sur l’autre continent. Une vie dans le feu de l’action. Un cerveau qui bouillonne devant tant de nouveauté. Tant de choses qu’une vie routinière ne peut pas concurrencer. Je savais que je n’allais pas aimer cette réunion.

Je l’avais invitée à me rejoindre dans un café que je connaissais bien. Son regard pétillait à ma vue, son accolade était chaleureuse et j’étais éteint.

D’un ton enjoué, elle a passée toute la soirée à me faire le récit de son voyage. Elle me décrivait les paysages qu’elle a vue, les habitudes des Français qui l’ont irritée ou charmée, les théories qui l’ont inspirée… Ces choses, je les savais déjà en grande partie. L’enthousiasme de la personne qui découvre se transforme inévitablement en un besoin égoïste de partager la bonne nouvelle à tout vent. Les rares courriels qu’elle m’avait envoyée en faisait largement état.

Moi, j’écoutais et agitais ma cuiller sur la mousse de mon café. Je ne voulais pas gâcher son bonheur en plus du miens.

Elle était la suite de la fille que j’avais connu. Une version améliorée, avec un plus grand bagage de connaissances, un regard plus perçant, un vocabulaire plus précis et des idées plus nuancées. Bref, au travers d’elle, je ne me reconnaissais plus. Je sentis que j’avais baigné dans une eau stagnante pendant tout ce temps.

Je n’avais jamais osé lui avouer que de mon côté il n’y avait pas eu de grandes nouvelles, d’illumination ou de projets extraordinaires. Elle ne m’avais jamais montré non plus un grand intérêt pour ce que je devenais, mis à part un « Quoi de neuf? » d’usage. Je n’ai pas cru bon élaborer sur le sujet. Ça n’aurait fait que l’ennuyer.

Son récit terminé le silence s’est installé. Elle m’a fait remarquer que j’avais déjà été plus bavard. J’acquiessait sans plus. Elle commençait à être nerveuse et, pour changer de sujet, s’est mise à commenter le manque de goût du café. En France, ils en faisaient du bien meilleur.

À mon avis, le café était très bon. En fait, il goûtait comme tout ceux que j’avais préparé depuis ces deux dernières années.

 

Publié par : mediateurfarceur | mars 9, 2011

Madeleine

Il est tout juste 17h.

Madeleine s’assoit seule sur une banquette dans un snack bar de quartier. La serveuse vient rapidement prendre sa commande et elle ne prend qu’une bière et un bol de frites. Elle n’a pas vraiment faim, mais elle sait qu’elle doit prendre de la nourriture avec sa consommation.

Le regard vague, Madeleine attend.

Dès son arrivée sur la table, la bière est portée machinalement jusqu’à sa bouche. De sa poche, Madeleine sort un vieil appareil photo jetable. Elle prend une photo de sa bière à moitié vide. Deux minutes se sont écoulées depuis sa première gorgée.

Elle prend ensuite une photo du plancher carrelé du restaurant. Chaque flash semble capter une parcelle de sa réalité. Madeleine collectionne son univers, aussi petit soit-il, avant qu’il ne lui glisse des mains. Un souvenir vaut mieux que rien.

Un poing collé sur son oreille droite, l’autre main sur la bouteille, elle contemple le reflet de sa solitude.

Alors qu’une grande partie du monde vit d’espoir que la Femme soit un jour l’égale de l’Homme, les pensées de Madeleine sont ailleurs… projetées dans ce qu’elle aurait pu être. Fille oubliée prise dans un mode de survie, mais toujours pas d’appétit.

Sa vie continue de grisonner. Aucune lumière à l’horizon, sauf celle du flash de son vieil appareil jetable. La bière vidée et les frites intactes, elle repart en payant son dû.

10 minutes de sa journée se sont passées.

Publié par : mediateurfarceur | décembre 13, 2010

Modernité lol

Dernièrement j’écoutais le Winnipeg Comedy Festival à CBC… pas curiosité. J’en ai profité pour voir quel était le genre d’humour en vogue dans ce coin là. Je m’attendais à être confronté à quelque chose de différent et peut être même rafraîchissant… j’ai visiblement trop d’espoir en l’humanité.

Je déteste vraiment être réconforté dans mes préjugés. Je haïs voir que les gens sont si prévisibles, risibles, fidèle à l’image préconçue qu’on peut se faire d’eux.

Ce que j’ai vu, en gros, c’est du stand up ben ordinaire (sauf dans un numéro). Pire encore, ça l’air qu’à Winnipeg on aime bien ça faire des blagues sur la modernité. LA MODERNITÉ!!! Même le concept est passé date!

J’ai jamais entendu autant de jokes sur la technologie qui évolue (cellulaires, internet et tracteurs plus performants) en une heure. Visiblement, les gens qui vivent là sont dans le champ. Même l’humoriste homosexuel (sans discrimination) ressentait le besoin de faire son numéro sur le fait que c’est drôle qu’il soit fermier même s’il a l’air de venir du centre ville de Toronto. Eille!

Je sais pas si c’est parce que je suis trop urbain, mais maudit que c’est plate dans le grenier de Canada.

Publié par : mediateurfarceur | novembre 25, 2010

En raffale

– Est-ce que c’est moi ou Nicolas Ciconne a juste fait une toune, mais en a fait 15 versions? C’est tellement mièvre que je suis irrité à chaque fois que ça joue dans un super marché. Ça doit faire partie des stratégies pour que les gens ne restent pas trop longtemps au même endroit.

– La preuve que je ne suis pas encore hypster, je n’ai jamais bu un café de Starbuck et mes lunettes ont des verres correcteurs.

– J’ai mis un avis de recherche pour retrouver Françoise David. La dernière fois elle était sur son blogue. Quelqu’un pourrait l’élire aux prochaines élections?

– Se pomper le patriote ne sera jamais une expression en vogue.

– Je me demande si « Gros crisse de crosseur » fait partie des expressions interdites à l’assemblée Nationale.

– Plus t’es de droite, plus tu parles fort et moins tu sais de quoi tu parles. Avoir raison c’est être capable dire rien avec plus de mots.

Publié par : mediateurfarceur | septembre 30, 2010

Mon shampooing est misogyne

Ce n’est malheureusement pas une blague. Mon cher colocataire a ramené récemment une gamme de produits Suave à l’appartement. Le pauvre n’est pas très bon pour choisir des shampooings et revitalisants, son seul critère est le prix.

Outre le fait que je dois endurer des produits avec des odeurs fruitées, cette petite mésaventure m’a permis de découvrir que des messages cachés assez troublants peuvent se retrouver sur certains produits. Je vais arrêter de faire durer le suspens. Je vous donne 4 exemples de ce qu’on peut retrouver sur les bouteilles de cette charmante compagnie en apparence inoffensive:

– Revitalisant Fraise des champs Suave naturals

Contournez la montagne de lessive et offrez-vous le parfum montagnard des fraises sauvages grâce à ce revitalisant qui nourrit les cheveux.

Doux, tout doux les cheveux : Appliquez uniformément sur les cheveux. Et savourez ce précieux moment de silence aromatisé à la fraise (jusqu’à ce que la sécheuse vous appelle). Puis rincez.

– Revitalisant Tangerine Rafraîchissante

Donnez à votre odorat un peu de répit face à la pile de lessive intoxicante, grâce à ce revitalisant au parfum de tangerine qui nourrit vos cheveux.

Pour une pause tangerine dans votre journée : Appliquez uniformément sur les cheveux. Inspirez le parfum rafraîchissant des tangerines. Puis rincez. Et plongez-vous dans votre roman du club du livre avec un tel sentiment de fraîcheur… ne vous étonnez pas si vous en lisez plus d’un paragraphe.

-Shampooing Brise Océane

Pour une sensation revivifiée même après une journée frénétique : Faites mousser. Savourez 2.5 minutes d’extase ininterrompues au parfum divin de fraîcheur océanique. Rincez. Au sortir de la douche, vous affronterez alors avec vivacité la tonne de choses à faire sur votre liste.

-Shampooing Tangerine Rafraîchissante

Pour une infusion rafraîchissante de tangerine sous la douche matinale : Faites mousser dans les cheveux. Inspirez ce parfum parfait de tangerine. Puis rincez. Vous voilà maintenant bien décidée à affronter la lessive d’un pas énergique.

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Prenez le temps de digérer… Pour les septiques, je n’ai pas inventé tout ça pour faire de l’humour douteux. C’est vraiment écrit noir sur blanc. (Je peux fournir des photos au besoin)

Franchement, je n’arrive pas à croire que ça se peut. J’ai eu l’impression d’être dans les années 1940-50. Comment une compagnie peut trouver intelligent de mettre de telles remarques sur leurs étiquettes? Il s’agit sans aucun doute de produits destinés exclusivement aux femmes. Je dirais même (avec dérision) qu’ils sont destinés aux femmes modernes au foyer.

Est-ce une mauvaise plaisanterie de leur part? Suis-je le seul à prendre le temps de lire les étiquettes? Est-ce normal? Qui est en charge de la conception? Ça m’intrigue au plus haut point.

Mes amies, dites-moi que vous allez leur écrire un char de m@rde! Si le féminisme vous a apporté le droit de faire votre lessive avec des cheveux qui sentent bon ou de lire plus d’un paragraphe parce que vous vous sentez fraîche… il y a du chemin à faire!

Publié par : mediateurfarceur | avril 30, 2010

Coups de gueules

Le temps que je me décide de revenir à une plus grande discipline littéraire dans un univers plus trash, laissez moi y aller de coups de gueules en vrac:

1. Trouver une mouche sur un Tim bit n’est PAS une raison valable pour appeler TVA et lancer un débat public sur la propreté du lieu. On sait qu’ils vont en parler, qu’ils sont caves de-même, mais ça peut arriver partout et c’est pas la fin du monde. Va leur montrer, ils vont te l’échanger ton c@#$$ de beigne. #yadescavesenrégion

2. T’as le droit de devenir fan de hockey pour le temps des séries. C’est pas plus stupide que d’écouter le super bowl en mangeant des ailes de poulet quand tu ne connais même pas les règlements du jeu. Il y a une raison simple qui explique le phénomène… les parties sont de plus haut calibre et l’ambiance donne un bon thrill! Même si, à Montréal, les fans sont bipolaires et surexcités… c’est juste ben comique. Pas de quoi dénigrer le monde.

3. Quand j’écoute les périodes de questions de l’Assemblée nationale et que j’entend Jean Charest parler je me dit: J’ai rarement vu quelqu’un se câlisser du monde aussi bien que lui.

4. L’humilité a mal été distribuée.  Je ne détiens pas la vérité. J’ai le droit à mes opinions et de les partager, mais le partage implique que j’accepte de considérer d’autres points de vue. Il faut douter des certitudes. Les réponses toutes faites sont des prisons. Parler fort et avec autorité n’est pas un synonyme de raison.

Ouf…

Publié par : mediateurfarceur | avril 10, 2010

Grosse plume

Arrête de bouffer des mots.

Abreuve toi de sons.

Diète lyrique pour l’embonpoint poétique.

Artiste boulimique, prend le temps.

Inspire les rimes des chants.

Les vibrations exercent ton âme.

Abstinent littéraire.

Fait toi barde un instant.

Révèle toi enfin aux yeux de l’encre.

Publié par : mediateurfarceur | janvier 25, 2010

Église 2.0

Wow, un nouveau billet de Médiateur?!? Bien oui, faut bien sortir de ses lectures obligatoires et réfléchir à autre choses des fois.

Si vous avez suivis les nouvelles récemment, vous avez peut-être lu/entendu parler/vu le discours du pape invitant les prêtres à utiliser davantage internet. Selon certains, le pape s’est ouvert à la modernité. Pour ma part, je vois un mouvement existant qui prend de l’ampleur. Bien que ma première réaction fut: « Ah non, ils vont pas se mettre à spamer en plus », cette nouvelle me fait quand même réfléchir.

Je me questionne sur l’avenir de la pratique religieuse dans son ensemble. Premièrement, quel est l’avenir des espaces physiques à la gloire de Dieu? À la base, les lieux de cultes (églises, synagogues, …) servent de lieux de rencontres, de centre communautaire (au sens premier) où les valeurs sont diffusées et où un sentiment d’appartenance peut se créer. À l’ère d’Internet, dans un monde où les sentiments d’appartenance et la transmission de valeurs peuvent se faire à distance et ne nécessitent pas de contacts humains, assisterons-nous à une nouvelle façon de vivre son culte? Les grands monuments seront-ils délaissés pour des forums? L’architecture de pierre pour de la programmation web?

Il serait aussi intéressant de voir ce que donnerait un cyber lieu de culte 2.0. J’ai imaginé, à la blague, quelques concepts qui pourraient bien se développer: Priestbook, confessions en ligne (envoyez nous les photos de vos péchés et faites vous juger par vos pairs), sermons live sur chat avec possibilité de commenter… Communautés virtuelles de toutes allégeances attendant enfin leur fin du monde dans le confort de leur foyer.

Enfin, je me demande quel sera l’impact de cette tendance sur les institutions elles-mêmes. Une Église 2.0 permettrait-elle plus au fidèles de s’exprimer (grâce à l’anonymat)? Si c’est le cas, l’Église pourrait être en mesure de mieux savoir ce que veulent leur brebis et s’ajusterait en conséquence. Au contraire, peut-être cela mènerait-il à des effets pervers (espionnage, contrôle de pairs…). Un monde de science fiction sur fond religieux s’ouvre devant moi.

Biensûr, le phénomène de la religion en ligne n’est pas nouveau. Plusieurs religieux utilisent abondamment des sites comme youtube pour rejoindre les fidèles ou exposer des théories débiles. Je pense à cet exemple loufoque de révérend aux États-Unis qui a fait un vidéo où il répétait sans arrêt que Barrack Obama n’est pas noir. Comme si le fait de dire plusieurs fois son opinion le transformait en fait. Quoi qu’il en soit, un changement est en cour dans le camp ennemi et il faut s’y intéresser.

Ils peuvent bien prétendre qu’ils ne sont pas si arriérés, qu’ils sont ouverts sur le monde… malheureusement, c’est dans leur tête que les portes restent closes.

Ajout: Comme de fait, je viens de me rendre compte que MyChurch.org existe déjà… eh misère!

Publié par : mediateurfarceur | décembre 8, 2009

Dérèglement

Flagabache! Karimoucéros fru mitalis groi trume. D’erimès lota brite vodrak ? Hubismop ziniki bla worque tulem. Bed’egri humpu lela jipet.

C’est si facile d’écrire quand on a rien à dire… Je ne ferais que ça au lieu de toujours avoir le soucis d’avoir l’air intelligent. Je me suis fait plaisir et me suis laissé allé à un agencement de lettres que je trouvais funky. Dur à dire s’il y a une signification ou non, mes choix ne sont pas aléatoires, mais je n’y chercherai rien. C’est pour vous. Aussi bien vous laisser le soin d’y lire ce qui vous fait plaisir!

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